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Le CSF, un comité public-privé pour structurer la filière (Ville Rail et Transport- Septembre 2018 – p.42 )

Il faut jouer collectif, rouler ensemble pour gagner à l'international. Tel est le défi à relever par le comité stratégique de filière (CSF), présidé par le patron d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, et dont le correspondant Export est Philippe Delleur, autre dirigeant du groupe.

Constituer une équipe de France et donc structurer la filière, rendre visible une offre intégrée et donc porter les plus petits à l'international figurent parmi les missions du comité stratégique de filière (CSF) Industrie ferroviaire, constitué dans le cadre du Conseil national de l'industrie.

 Si la France figure sur la troisième marche mondiale, derrière la Chine et l'Allemagne, il n'en reste pas moins que la compétition est impitoyable, avec des mastodontes comme le chinois CRRC qui pèserait autant que Siemens, Alstom et Bombardier réunis. D'où l'importance de jouer collectif et de faire appel aux locomotives du secteur.

 Ce n'est donc pas le hasard si le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge, a été retenu pour conduire le CSF. Logiquement, le correspondant Export, qui doit coordonner les travaux d'internationalisation du comité, est un spécialiste de l'international et un homme que connaît bien son président. Senior vice-president Public affairs d'Alstom, Philippe Delleur a ainsi réalisé une carrière internationale au sein du groupe français. Auparavant, cet énarque travaillait au ministère de l'Économie et des Finances et fut notamment en poste à l'étranger (conseiller économique et financier au Brésil).

C'est donc un homme qui connaît les deux côtés de la frontière, le public et le privé, qui va devoir rassembler autour de lui petits et grands de l'industrie ferroviaire. Surtout les PME en vérité, lesquelles sont souvent éparpillées, voire perdues derrière les locomotives. Elles sont 250 au sein de la Fédération des industries ferroviaires (FIF), composant plus de 80 % du total des adhérents de la FIF. Or, le chiffre d'affaires à l'export de l'industrie ferroviaire est encore relativement restreint: entre 1 et 1,5 milliard d'euros par an sur un total de quatre milliards.

Ces PME doivent donc être portées, accompagnées, conseillées. Le CSF aura cette ambition. Le premier CNI International s'est tenu le 23 juillet. À cette occasion, Philippe Delleur a été introduit officiellement, comme les autres correspondants exports des différents comités stratégiques de filière. Placé auprès du Premier ministre, le CNI chapeaute, en effet, différents CSF, 16 au total: les CSF Ferroviaire, Agroalimentaire, Eau, Bois, etc. D'autres pourraient voir le jour en cas de besoin. L'enjeu est clairement la réindustrialisation de la France et la fin de son déclin industriel, qui serait une des causes du creusement du déficit commercial tricolore. Pour nouer une relation forte entre l'État et la sphère privée, un contrat de filière devra encore être signé. Le seul à l'heure actuelle, qui engage la puissance publique et le monde de l'entreprise, a été conclu en mai dans l'automobile. D'après nos informations, d'autres devraient suivre rapidement. Le ferroviaire n'y figurerait pas. Il faudra sans doute attendre le prochain train. Et une fois le contrat de filière conclu, une feuille de route devra être dressée, avec des objectifs, des actions et des projets à l'international.