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Filière ferroviaire : quelques clignotants passent enfin au vert (L’usine Nouvelle - 9 Mars 2017 – p. II et III)

La situation s'est nettement améliorée depuis l'année dernière, époque où se profi­lait pour la filière ferroviaire française un véritable 'trou noir' à l'horizon 2018, avec la menace de la disparition de 10à 15000 emplois', explique Jean-Pierre Audoux, délégué général de la Fédération des indus­tries ferroviaires (FIF). "Plusieurs annonces récentes ont contribué à nous rassurer quelque peu, en par­ticulier la commande, le 11 janvier dernier, de 71 rames de RER de nou­velle génération (le contrat prévoit 255 rames en tout, pour un montant de 3,5 milliards €) au consortium Alstom-Bombardier.'

Autres annonces prometteuses concernant le matériel roulant : 52 motrices pour l'Ile-de-France et une quarantaine de trains Intercités (Omnéo) pour la région Normandie (lignes Paris-Caen et Paris-Le Havre)... "Résultat: l'activité est quasi sécurisée chez Bombardier jusqu'à 2020 et, du côté d’Alstom, si la commande de 21 rames de TGV se confirme, Belfort devrait pouvoir être sauvé. Au-delà de ces enjeux, c'est celui du tissu industriel PME-PMI associé qui se profile"

MODERNISATION DU RÉSEAU FERRÉ FRANÇAIS :

Côté infrastructures, les discussions avancent avec la SNCF sur le "grand plan de modernisation du réseau français". "Notre réseau est âgé et son cœur, techniquement obsolète, se doit d'être modernisé d'urgence : postes d'aiguillages informatisés, postes de commandes centralisées, système de signalisation ERTMS (European Rail Traffic Management System), caténaires nouvelle géné­ration, etc.", souligne Jean-Pierre Audoux. "Si ce chantier de moder­nisation démarrait rapidement, l'impact se ferait sentir dès 2022  ou 2023", précise-t-il. "L'ERTMS per­mettrait, par exemple, d'augmenter de 30 à 40 % le cadencement des TGV entre Paris et Marseille, ce qui est loin d'être anecdotique."

 INNOVATION AVEC RAILENIUM :

Comme le rappelle le Délégué géné­ral de la FIF: "la France dispose d'un savoir-faire et d'une expérience unique dans presque tous les segments du ferroviaire : grande vitesse, métro automatique, signalisation, etc."

Afin de conserver cette longueur d'avance en matière d'innovation, composante clé de la compétitivité du secteur, la FIF et les industriels fondent beaucoup d'espoir sur Railenium, une plateforme publique-privée de recherche et d'essais dans le domaine ferroviaire, destinée à faire bénéficier la France d'un réel leadership avec, à la clé, des retom­bées significatives en termes de mobilité, de sécurité et de réduction de l'impact environnemental.

Selon Jean-Pierre Audoux,"/es attentes sont fortes, notamment la création effective d'une boucle d'essais pour les trains classiques et le TGV".

Shift2Rail est un partenariat public-privé européen dédié au mode ferro­viaire. Doté d'un budget de 920 M€ dans le cadre du programme Horizon 2020, son objectif est, par le finance­ment de la recherche et de l'innova­tion ferroviaires, d'accélérer la mise en œuvre de l'espace ferroviaire européen unique face, notamment, aux enjeux posés par la concurrence mondiale…

Le plan de travail Shift2Rail, adopté en février 2015 par le Conseil de l'UE, est structuré en cinq programmes d'innovation (IP) :

-          IP 1 : des trains rentables et fiables, plus accessibles et plus confortables, énergétiquement plus efficaces, communicants, modulaires, etc. ;

-            IP 2 : des systèmes avancés de gestion et de contrôle du trafic avec des systèmes de contrôle com­mande de nouvelle génération basés sur l'ERTMS européen qui permet une gestion de trafic flexible, intelli­gente, en temps réel, etc. ;

-          IP 3 : une infrastructure à grande capacité économiquement effi­ciente et fiable, incluant la gestion de l'énergie;

-          IP 4 : des solutions numériques pour des services ferroviaires attrac­tifs, avec notamment le projet d'un système multimodal européen d'in­formation et de paiement pour les transports;

-          IP 5 : des technologies pour un transport de marchandises euro­péen durable et attractif, en vue de contribuer au report de 30 %du trafic routier de marchandises vers le rail et la voie d'eau d'ici 2030, et de 50 % d'ici 2050.

Shift2Rail impactera tous les seg­ments du marché ferroviaire, des trains à grande vitesse aux métros urbains et suburbains ainsi qu'au fret.