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L’industrie ferroviaire reflet des incertitudes (Le Rail – Septembre 2014 - p. 5)

Forte de ses 200 adhérents, la Fédération des Industries Ferroviaires, la FIF, est à même chaque année d'établir un bilan de l'activité de ce secteur en France. Début septembre, la présentation du bilan 2013 a été l'occasion de dresser un portrait de ce secteur qui emploie tout de même près de 21 000 personnes (27 000 avec les poseurs de voie) contre 17 000 en 2002. Comme on pouvait s'y attendre, la morosité économique ambiante dans l'Hexagone impacte directement l'activité de cette industrie. Certes le chiffre d'affaires global reste élevé et presque stable avec 4,13 milliards € contre 4,24 milliards € en 2012. Mais à y regarder de plus près, les résultats ne sont pas si bons qu'ils paraissent. Sur le marché national, la chute est de 16% à 2,6 milliards €. Une douche froide qui traduit bien la situation économique du principal donneur d'ordre, la SNCF. Pas de commande majeure de nouveaux matériels roulants puisque la priorité est donnée à la rénovation de l'infrastructure. C'est donc dans ce secteur que la hausse est importante avec un chiffre d'affaires de +14,7%. Quelques commandes de tramways par-ci par-là ne permettent pas de compenser les TGV en moins ni le retard pris dans les commandes des fameux TET dont chacun parle mais que personne ne voit arriver. De même pour le projet de TGV du futur - un temps annoncé comme imminent - ou pour l'avenir du fret ferroviaire, sans oublier l'ouverture à la concurrence des services voyageurs...


Et ce ne sont pas les déclarations multiples et variées des nouveaux élus issus des élections municipales qui vont rassurer la profession. De nombreux projets de transports publics sur rail sont en effet remisés dans les tiroirs, faute d'argent public ou de volonté d'investir dans ce domaine. La situation est atone et chacun attend la concrétisation de certains projets. Comme celui du Grand Paris sur lequel reposent bien des attentes. Un projet qui mobilise toutes les composantes économiques de ce secteur d'activité, des bureaux d'études aux industries du BTP, des génie-civilistes aux constructeurs de matériels roulants et aux futurs exploitants en puissance. Tous sont déjà sur la ligne de départ.


Autre sujet de préoccupation, celui de la réforme du système ferroviaire français qui va donner naissance à un nouvel ensemble regroupant RFF et la SNCF. Certains perçoivent la création de ce gestionnaire d'infrastructure unifié avec inquiétudes, d'autres avec espoir. Inquiétudes car en ces temps difficiles, la paix sociale devient un facteur de stabilité absolu. La SNCF "nouvelle formule" pourrait donc être tentée d'assurer en premier lieu du travail à ses employés et de ce fait, de fermer la porte aux entreprises privées. La fin de l'ouverture à la concurrence, prônée en son temps par RFF pour faire baisser les coûts, serait alors catastrophique pour de nombreuses entreprises privées. Espoir car les contraintes budgétaires sont tellement fortes que la GIU qui se met en place ne pourra pas faire l'économie d'une refonte de ses modes d'exploitation et d'intervention et surtout assurer les nombreux chantiers ouverts un peu partout en France. Jean-Pierre Audoux, secrétaire général de la FIF, a récemment résumé les attentes de la profession : «Si on a un réseau modernisé, un gestionnaire impartial et compétent, une autorité de régulation forte et la possibilité de se développer sur le réseau pour y faire du business, tout le monde sera gagnant». Pas sûr toutefois que l'on aille dans cette direction. Les discussions en cours au sein de l'Union des Transports Publics et Ferroviaires sur la future convention collective commune à tous les cheminots, du public et du privé, sera un bon test de l'option prise par la SNCF et de la volonté ou non des pouvoirs publics d'ouvrir le secteur à la concurrence. Un comble dans la négative, si l'on considère que le gouvernement veut libéraliser certaines professions réglementées accusées d'être "en situation de monopole" et de "capter des revenus à la population"!